Et vous, où en êtes-vous face au risque d’inondation ?

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S’informer et évaluer sa vulnérabilité aux inondations avec un autodiagnostic et un quiz. Une web-application gratuite enclenche des comportements de prévention vertueux.

Sacs de sable et batardeaux devant une porte d'entrée rouge contre les inondations

Créé le 19/11/2020 modifié le26/11/24

Sur le plan collectif, la prise de conscience progresse. L’actualité aide à comprendre que les phénomènes climatiques vont devenir plus fréquents et plus violents. Pour en atténuer les conséquences, outils et dispositifs existent. Reste à anticiper le risque et ancrer de bons réflexes individuels. C’est l’objet de l’application en ligne Inondation : Agir en Prévention. Développeur de savoir et de compétences, elle bénéficie des apports des sciences cognitives et comportementales.

Confiance ou surconfiance ?

Les spécialistes du comportement connaissent bien ce phénomène : moins on est qualifié dans un domaine, plus on y surestime ses compétences. Ce biais cognitif est connu sous le nom d’effet Dunning-Kruger, du nom des psychologues américains qui l’ont mis au jour. Face à un risque comme les inondations par exemple, la réponse assez naturelle est : “Moi, je sais ce que j’ai à faire.” Rien n’est moins sûr, en réalité.

Concertation locale

Comment rendre le citoyen acteur dans la réduction de sa propre vulnérabilité face au risque d’inondation, en l’amenant à comprendre les actions de prévention et à intégrer les bons réflexes ? C’est l’axe majeur du projet de recherche Inondation : Agir en Prévention. Soutenu par la Fondation MAIF, il a été piloté par le Laboratoire Mécanismes d’Accidents (LMA) de l’Université Gustave Eiffel, tant pour les apports en psychologie sociale, ergonomie cognitive, que pour le développement informatique.

À la clé, une application en ligne gratuite, pour que le citoyen s’informe mais aussi s’évalue, via un quiz et un autodiagnostic. Et pas seulement quand il habite en zone inondable. Car le risque est partout : chez soi, sur la route, en vacances. Le projet est complémentaire d’une palette d’outils de gestion et de prévention existants. Pour le développement et la finalisation de l’application, il a bénéficié de retours de terrain. Le Syndicat Mixte du Bassin des Sorgues (SMBS) — établissement public situé dans le Vaucluse, qui fédère communes et intercommunalités et porte des actions de prévention et de réduction du risque inondation sur l’ensemble de la plaine des Sorgues — est partenaire et co-financeur du projet.

Design et facteur humain

Cet ancrage est l’assurance de l’adéquation constante du projet aux exigences des acteurs de la prévention et la gestion du risque d’inondation : collectivités, syndicats de rivières, associations, assureurs, ministères, etc. En local, le projet s’est adjoint les apports en psychologie sociale et environnementale de l’Université de Nîmes. Une thèse de doctorat, soutenue en décembre 2024, s’est consacrée aux vecteurs motivationnels liés à l’usage d’une application numérique telle Inondation : Agir en Prévention, et à son acceptabilité sociale

La web-application est évaluée très positivement par ses testeurs et ses usagers, tant pour son utilisabilité que l’expérience subjective des utilisateurs, lors de sa manipulation sur une interface de type écran d’ordinateur ou tablette. Active et disponible sur tous les outils numériques personnels, elle devient aussi un objet de recherche intéressant pour d’autres organismes spécialisés. Elle bénéficiera pour le design spécifique de sa version mobile d’une “analyse experte” par des étudiants en seconde année de master en Ergonomie cognitive, innovation technologique et facteur humain (ECIT-FH) de l’Université de Toulouse Jean-Jaurès.

Gestes simples et peu coûteux

Persuasif sans jamais être anxiogène, l’outil Inondation : Agir en Prévention a d’ores et déjà démontré sa capacité à actionner les bons leviers. Pour une fois, l’addiction est bienvenue ! Ce que favorise la web-application, c’est ce que les psychologues appellent le phénomène de renforcement. Les concepteurs ont misé sur un “renforcement positif” : recevoir des feedbacks positifs tout au long de la navigation pour aider à l’ancrage des bons comportements, quelle que soit la source de motivation de départ de l’utilisation de l’outil (par hédonisme, pour gagner en savoir personnel, pour se conformer au groupe). Le parcours dans la base d’information, le quiz et l’autodiagnostic activent des objectifs de gain individuel ainsi que des récompenses virtuelles. Un petit afflux de dopamine ne peut pas nuire…

Plus sérieusement, l’outil Inondation : Agir en Prévention déclenche une sorte de réagencement dans ce que les scientifiques appellent les “rationalités individuelles”. Du côté des intentions : outre qu’ils apprennent des choses, les utilisateurs montrent un intérêt massif pour la mise en œuvre de gestes de prévention simples et peu coûteux. Mais également du côté des apprentissages : la démarche temporelle “J’imagine que j’ai 3 jours, 3 heures, 3 minutes avant l’arrivée de l’eau”, inspirée de la Mission Interrégionale Inondation Arc Méditerranéen (MIIAM), joue à plein. Une tension narrative efficace.

Motivation personnelle

Activateur comportemental, Inondation : Agir en Prévention promeut une approche sensible du risque d’inondation. La prise de conscience individuelle va faciliter un “encodage” des bons comportements quand l’inondation arrive ou est advenue, ainsi que l’acceptation d’actions de prévention réglementaires. À l’instar des diagnostics de réduction de la vulnérabilité, prévus dans le cadre des Programmes d’Actions de Prévention des Inondations (PAPI) — programmes labellisés par l’État à l’échelle des bassins hydrographiques. Sans une motivation personnelle, la visite chez l’habitant d’un expert pourrait être tenue pour dépréciative ou intrusive.

Communication, médiation et concertation publique : épaulé tout au long de son développement par le cabinet spécialisé Autrement dit, le projet Inondation : Agir en Prévention peut désormais essaimer sur le(s) territoire(s). La web-application est administrée par le Syndicat Mixte du Bassin des Sorgues (SMBS). L’outil est proposé aux acteurs et décideurs locaux impliqués dans la gestion du risque d’inondation, qui ont aussi la possibilité de l’encapsuler sur leurs propres sites ou applications pour le diffuser largement à tous les citoyens de leurs territoires. De quoi devenir chacun plus qualifié qu’on ne le croie. Tant pis pour Dunning et Kruger.


Organismes de recherche et partenaires

Laboratoire des Mécanismes d'Accident, Université Gustave Eiffel
Syndicat Mixte du Bassin des Sorgues (84)

Bureau d’étude privé Autrement Dit

Université de Nîmes, département Psychologie, Lettres, Langues et Histoire

Principaux intervenants

Isabelle Ragot-Court (Université Gustave Eiffel)
Laurent Rhodet (Syndicat mixte du Bassin des Sorgues)
Rachel Vindry (Autrement Dit)

Karine Weiss et Théo Jezierski (université de Nîmes)

Date de début / Durée

36 mois / Novembre 2020

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