De soporifique à stimulant
« Tu as envie de comprendre comment fonctionne ton sommeil, ou de l’améliorer, ce challenge est fait pour toi ! Pendant 3 semaines, relève des défis, mets en place des solutions et suis l’évolution de ton sommeil. » Faire du sommeil une mission, c’est l’idée du challenge
Trois semaines pour mieux dormir. Une web application conçue par une équipe du Centre de recherche en Neurosciences de Lyon (CRNL) et du LIRIS* pour amener les jeunes à mieux comprendre leur sommeil, à prendre conscience de leur rythme biologique et in fine à s’offrir un sommeil plus adapté à leurs besoins. La gageure était de trouver le bon dosage entre ludique et pédagogique pour brancher les adolescents sur un sujet a priori soporifique.
Un cocktail préparé avec soin
Il a fallu 4 ans de travail pour concevoir, construire, tester et amender cette application, cocktail d’informations sur le sommeil, d’outils de suivi et d’actions proposées. Une aventure dans laquelle les chercheuses ont embarqué des enseignants de collège en Science et Vie de la Terre (SVT). A la fois pour collecter des données sur la relation des jeunes à leur sommeil. Mais aussi pour inciter les collégiens à tester l’application. Et enfin pour vérifier que les ressources pédagogiques étaient à la portée des élèves : un travail de synthèse, de vulgarisation et de ciblage.
Après la sortie de la première version de l’application, en 2022, les chercheuses l’ont testée auprès de classes volontaires et l’ont améliorée suite à ce premier test. Pour aboutir à la version qui est en ligne aujourd’hui : visuelle, ergonomique et conviviale. Bref, attractive.
Si tu dors tu seras plus séduisant
Il fallait trouver le bon ton et les justes arguments pour rendre le sommeil digne d’intérêt. La bonne idée, c’est d’avoir régulièrement sondé les intéressés tout au long du projet, grâce à ce qu’on appelle des focus groupe. Des entretiens libres avec les collégiens, qui ont permis de glaner des tas d’informations très utiles pour concevoir des vidéos et des quiz bien ciblés : avec des situations parlantes, des apports convaincants et un langage adapté. « Bien dormir, c’est bon pour la santé », par exemple , percute moyennement sur les jeunes. Contrairement à « Bien dormir te rend plus performant en sport, te donne meilleure mine, te permet de mieux profiter de la vie ».
Des angles et des défis variés
Vidéos, quiz, anecdotes et études étonnantes sur le sommeil, une mission pour chaque journée, une courbe qui permet à chacun de visualiser l’évolution de son sommeil… L’application multiplie les angles d’approche du sujet. L’adolescent est invité à remplir chaque jour un agenda : à quelle heure il s’est levé et couché, combien de temps il a passé au lit, la durée estimée et la qualité de son sommeil, ce qu’il a fait et mangé la veille, à quelle heure il a éteint les écrans. Et puis on lui propose des défis. Simples au début, comme installer sur son téléphone un filtre à lumière bleue ou se créer un rituel du coucher. Puis plus corsés : se lever avant 9 heures le week-end, ou encore laisser son téléphone en dehors de la chambre pendant la nuit.
Régler les horloges
L’un des défis est d’avancer l’heure du coucher d’un quart d’heure tous les deux jours. Jusqu’à atteindre la quantité de sommeil que l’adolescent estime nécessaire pour être en forme et se lever du bon pied. Une prise de conscience de son besoin, en somme. Et aussi une incitation à modifier ses habitudes en douceur et à en goûter les bénéfices.
Parmi les défis faciles, il y a aussi regarder les vidéos. Huit dessins animés de moins de 3 minutes où un chat et un canard, aux allures d’ados blasés, vivent des situations de sommeil plus ou moins loufoques et perturbées. C’est drôle, simple et on apprend plein de choses. Ce qui se passe pendant qu’on dort. Et si on ne dort pas assez. Comment s’enchaînent et se composent les cycles du sommeil.
Montres connectées
Aujourd’hui, les chercheuses ont matière à se réjouir : les jeunes gagnent en moyenne 20 minutes de sommeil après le challenge. Ce sont les actimètres qui parlent : des instruments de mesure que 24 collégiens d’une classe de troisième ont accepté de porter au poignet pour mesurer leur sommeil avant et après les trois semaines d’utilisation de l’appli. Au-delà des données déclaratives des collégiens, les tests sur le terrain sont donc encourageants. De même, une enseignante qui a testé le challenge dans sa classe se félicite des résultats : « Ça leur a donné des pistes de solutions. Beaucoup prenaient le manque de sommeil comme une fatalité. Ils savent maintenant qu’ils peuvent agir dessus et certains en sont reconnaissants ».
A la recherche du parrain
Jusqu’à présent, la web application a été utilisée dans le cadre d’opérations collectives, pilotées par des enseignants dans leurs classes. Certains élèves étaient partants, d’autres non, et cela s’est bien sûr ressenti sur l’efficacité de l’opération. Mais les chercheuses notent que la motivation augmente au fil des trois semaines. Et que d’extrinsèque elle devient intrinsèque.
C’est leur objectif : que n’importe quel adolescent puisse, de son propre chef, se connecter à Challenge pour mieux dormir et ainsi comprendre son besoin puis en déduire les actions à mettre en place. Pour cela, il faut faire largement connaître l’application. Par exemple en trouvant un parrain charismatique auprès des jeunes, autour duquel orchestrer une opération médiatique. Tony P., si tu nous entends…
* Laboratoire d’information en image et systèmes d’information
A voir également :