La psychologie comportementale - chez de nombreux adolescents, un premier accident est fortement prédictif d’autres à suivre.
Créé le 23/06/14, modifié le 8/02/2021
Cependant, par un accompagnement psychologique adapté, il est possible de réduire cette fatalité.
L’accidentologie est la première cause d’hospitalisation à l’adolescence : 20% des adolescents hospitalisés le sont pour un accident. Le taux de récidives est élevé : un adolescent sur quatre aura une récidive dans l’année suivant le premier accident.
Parmi ceux qui ont déjà eu plusieurs accidents, le taux de récidive s’élève à 62%. Les prises de risques sont fréquemment croisées et on retrouve chez ces adolescents des états pathologiques associés tels que la dépression, les pathologies anxieuses, les tentatives de suicide ou la consommation de stupéfiants.
- séance n°1 : le risque : la perception du risque, l’attention et la concentration ;
- séance n°2 : les autres : les liens entre les accidents et les styles de vie , le mal-être, les idéations suicidaires, les liens, les relations et les problèmes avec les autres ;
- séance n°3 : les émotions : les émotions au travers du photolangage, la régulation des émotions négatives, l’impulsivité.
Deux fois moins de récidives d’accident dans le Groupe Intervention
C’est le principal enseignement de l’étude et il est de taille : sur la population des ECARR ≥ 5 intégrés dans les interventions thérapeutiques, le taux de récidive est de 13,7% à 6 mois et de 21,6% à 12 mois. C’est élevé mais c’est deux fois moins que les ECARR ≥ 5 qui ne sont pas suivis (Groupe Témoin), respectivement 22,3% à 6 mois et 36% à 12 mois.
Propension à la dépression et gestion de l’impulsivité dominent
Rappelons ici que lors de la première prise en charge des adolescents suite à leur accident, de nombreuses variables comportementales sont évaluées au travers des questionnaires de personnalité.
L’analyse statistique multifactorielle permet d’extraire les variables les plus influentes sur la récidive : l’impulsivité et la dépression ressortent. Concernant l’impulsivité, elle se ramifie en 5 observations :
- urgence négative : tendance à exprimer des réactions rapides, directes et fortes, souvent en présence d’affects négatifs ;
- urgence positive : tendance à exprimer des réactions fortes et rapides dans un contexte d’affects positifs ;
- manque de préméditation : capacité à penser et à réfléchir aux conséquences d’une action avant de s’y engager ;
- persévérance : capacité à rester concentré sur une tâche, même difficile ou ennuyeuse ;
- recherche de sensation : tendance à rechercher l’excitation et l’aventure ainsi que l’ouverture à de nouvelles expériences.
Principales conclusions analytiques :
- à niveaux de manque de préméditation et de persévérance comparables, les sujets du groupe intervention ne récidivent pas contrairement à ceux du groupe témoin ;
- à niveaux de manque de préméditation et de persévérance supérieurs, les sujets du groupe intervention récidivent deux fois moins que ceux du groupe témoin ;
- la dépression et la dimension de manque de persévérance sont des facteurs dont l’effet sur la récidive interagit avec celui de l’intervention (termes d’interaction avec le traitement significatifs) ;
- l’effet de l’intervention est maximal chez les individus dont le score de manque de persévérance est faible ;
- on observe une tendance à une incidence de récidive plus élevée chez les individus du groupe témoin dont le score de sensation est élevé mais il n’y a pas d’interaction notable avec l’intervention.
Un repérage systématique aux urgences pourrait sauver plusieurs dizaines de jeunes vies par an
Le repérage pourrait être singulièrement allégé par rapport au protocole utilisé pendant l’étude en concentrant les évaluations sur les variables fortement significatives dans le risque de récidive.
A partir des données issues du bilan de l’accidentalité routière 2019 réalisé par l’ONISR, il y a eu 17 728 blessés et 636 tués en 2019 dans la tranche des 14-25 ans.
A partir des taux issus de l’étude ECARR, il y aurait 4460 personnes avec un score supérieur ou égal à 5 au questionnaire ECARR. Sur ces 4460 personnes, 1668 devraient récidiver (37,4 %) au moins une fois au bout d’un an contre 985 (22,1%) si une action thérapeutique similaire à celle de la recherche ECARR2 était mise en oeuvre. Aussi, il y aurait 683 accidents en moins dans cette perspective (soit 41% de récidives en moins liées à l’intervention thérapeutique).
En outre, considérant le taux de mortalité avancé (636/17728, soit 3,58%), l’absence de récidives éviterait sous toute hypothèse 24 décès chez les 15 - 24 ans.
A lire aussi :
Organismes de recherche et partenaires
Pôle Universitaire de Psychiatrie de l'Enfant et de l'Adolescent (PUPEA) - POITIERS
Partenaires associés
Fondation Vinci autoroutes
Délégation à la Sécurité Routière (DSR)
Programme Hospitalier de Recherche Médicale (PHRC 2014)
Principaux intervenants
Professeur Ludovic GICQUEL
Date de début / Durée
2014