Mieux estimer l’impact des séismes est essentiel pour améliorer l’organisation efficace de secours
Créé le 23/07/24
LastQuake est aujourd’hui le système de crowdsourcing* le plus rapide et celui présentant la plus grande couverture géographique dans le monde. En 2023, l’appli a collecté près de 500 000 témoignages dont 5 000 collectés dans les 30 minutes suivant le séisme dévastateur de Turquie et de Syrie en février.
*Crowdsourcing, la mobilisation d’individus volontaires pour l’accomplissement d’une mission utilisant l’intelligence, les observations, la créativité et le savoir-faire du plus grand nombre d’individus pour créer de la valeur.
LastQuake, une application utilisée par plus d’un million de personnes dans le monde
L’application est le fruit d’une collaboration originale entre le CSEM (Centre sismologique euroméditerranéen) et la Fondation MAIF, démarrée en 2011. Cette application sans équivalent dans le monde permet la collecte massive et rapide d’observations et de témoignages écrits ou photographiques de séismes.
Grâce à un 2éme volet de recherche terminé en 2019, l’application LastQuake inclut également un dispositif d’alerte tsunami accompagné de conseils de sécurité sous forme de pictogrammes.
L’objectif de ce nouveau volet sera de développer des synergies entre LastQuake avec d’autres dispositifs afin de :
- créer des ShakeMaps (carte de la distribution spatiale de la secousse générée par un séisme) par fusion des données crowdsourcées par EQN (Université de Bergame) et LastQuake.
- localiser et estimer la magnitude des séismes ressentis à partir des témoignages collectés par LastQuake (Université de Bologne) ;
- réduire les incertitudes des Shakemaps (USGS, United States Geological Survey, Université d’Athènes)) ;
- déterminer la géométrie de la rupture sismique pour les séismes de forte magnitude (ETHZ, école polytechnique fédérale de Zürich).
**Shakemaps, les cartes de vibrations du sol générées par un séisme et réalisées dans les minutes qui suivent un séisme apportent une aide importante à la gestion de crise après un séisme de forte magnitude.
LastQuake a fait preuve de son efficacité lors du séisme en Turquie en 2023. Dans un article réalisé en collaboration avec l’USGS, et l’ETHZ, il a été démontré que l’exploitation opérationnelle des données collectées par LastQuake aurait permis d’obtenir en 15 minutes une estimation de l’impact humain aussi fiable que celle obtenue en 6 jours après ajout de données de terrain et satellitaires.
Le but de ce projet de recherche est de passer de la démonstration scientifique à la mise en place de services opérationnels rapides et performants, d’estimations d’impact de séismes au bénéfice des services de secours, des scientifiques et de la société.
Pour ce faire, trois étapes majeures s’imposent sur une durée de 3 ans :
Améliorer la collecte de données
Une collecte efficace de données nécessite des outils adaptés et visibles afin qu’ils soient adoptés et utilisables au moment clé, lors d’un séisme impactant. Il est prévu :
- de diversifier les outils d’information et de collecte via des applications de messagerie du type Whatsapp ;
- d’améliorer l’exploitation opérationnelle des photos géolocalisées dont le nombre augmente très rapidement.
Développer des méthodes et outils de qualification des dommages
Il est prévu d’optimiser l’exploitation des données crowdsourcées en interne au CSEM pour une estimation rapide des pertes, et en externe par la contribution aux services de Shakemaps, ainsi qu’aux services d’estimations détaillées des pertes qui en découlent.
Pour finir, le projet compte offrir le premier service opérationnel et automatique de détermination de la géométrie de rupture de séismes de forte magnitude.
Optimiser l’exploitation par les différentes catégories d’utilisateurs
Des mécanismes fiables d’échanges de données en temps réel avec les utilisateurs identifiés seront développés afin d’en optimiser l’exploitation. En outre nous proposons d’implémenter la « fear of earthquake Scale » (échelle récemment développée qui donne une mesure quantitative de la peur suscitée par les séismes) afin de constituer la première base de données décrivant l’impact psychologique des séismes.
Les impacts sociaux et environnementaux du projet
L’inclusivité a toujours été au cœur des projets CSEM soutenus par la Fondation MAIF. Il est pionnier de la sismologie citoyenne avec la création de l’appli LastQuake, traduite en plus de 40 langues. En fournissant l’information en temps quasi-réel, LastQuake contribue à réduire l’anxiété des populations face aux séismes. Elle intègre aussi la lutte contre la désinformation et fournit de véritables consignes de sécurité (ce qu’il faut et ne faut pas faire, envoi de sms aux proches une fois l’utilisateur en sécurité) et contribue ainsi à la résilience des populations et à limiter les suraccidents. Utilisée par plusieurs millions de bénéficiaires, LastQuake reçoit 10 millions de visites par mois en moyenne.
La stratégie du CSEM est basée sur une politique de données ouvertes et la recherche de synergies plutôt que la compétition et autorise l’exploitation des données par des tiers. Enfin, les estimations d’impact réalisées contribueront aux services fournit en moins de 3h par le consortium ARISTOTLE à l’ERCC (unité 24/7 de l’unité de protection civile Européenne), l’ERCC partageant lui-même ces informations avec les protections civiles nationales
Découvrir les deux premiers projets de recherche :
C'est quoi la sismologie citoyenne ?
Système d’alerte aux séismes et tsunamis
Organismes de recherche et partenaires
CSEM, centre sismologique euro-méditerranéen
Principaux intervenants
Rémy Bossu, secrétaire général, CSEM ;
Dr Maren Böse, sismologue, ETH Zürich ;
Pr Fabrice Cotton, responsable de la sismologie, GFZ Potsdam ;
Pr Francesco Finazzi, statisticien, université de Bergame ;
Dr David Wald, sismologue, USGS.
Date de début / Durée
2024 - 36 mois