Les crues ne sont pas une surprise lorsqu’on vit en zone inondable – des propositions pour éviter que le drame ne se répète indéfiniment ?
Créé le 05/02/21, modifié le 01/09/23
Tous les ans la France subit des crues importantes en raison des fortes pluies. Les sols deviennent saturés et les rivières débordent de leurs lits. C’est un phénomène météorologique connu et attendu par ceux qui la subissent, mais l’impact sur les habitants des zones concernées n’en reste pas moins dramatique. Surtout en cas de crues exceptionnelles comme celles que le sud-ouest en particulier traverse en ce moment.
Cet hiver a été particulièrement pluvieux en France. Certains endroits ont failli atteindre des niveaux de pluie record. Le sud-ouest en particulier a atteint plus de 2 fois sa moyenne habituelle. Un quart des précipitations attendues pour le mois de février est tombée en une seule journée - et ce n’est pas fini. Selon Météo France, la pluie continuera jusqu’à mi- février.
Les dégâts après une inondation
C’est lorsque l’eau se retire que les dégâts deviennent visibles. Effondrements, routes endommagées, affaissements des berges sans parler des dégâts occasionnés aux habitations de celles et ceux vivant en zone inondable. Depuis 2003, la Fondation MAIF soutient des recherches qui visent à apporter de la transparence, des aides concrètes et une vraie visibilité sur ce qu’il se passe sur le terrain en cas d’inondation.
Les recherches de la Fondation MAIF pour prévenir l'inondation
Un premier projet en 2003 étudiait les manques de compréhension de la rapidité et de la dynamique des montées des eaux. A l’époque, les chercheurs ont constaté qu’il fallait favoriser une participation active des populations sur place et que le risque des comportements individuels inappropriés n’était pas complétement pris en compte dans les consignes.
En 2004, un deuxième projet analysait la gestion des alertes et des crises au moment des catastrophes naturelles. Le fait que l’alerte était donnée en temps réel, handicapait fortement la réactivité des acteurs de la sécurité civile. Pour les chercheurs, il y avait confusion entre alerte et vigilance. En conclusion, le projet constatait qu’il fallait proposer des solutions pour améliorer les dispositifs de coordination dans les premières heures, quand les problèmes sont imprévisibles. Autre constat : il faut tenir compte des réactions de la population sur place au moment des catastrophes naturelles.
5 ans plus tard nous avons soutenu une recherche qui visait à contribuer à l’amélioration des connaissances concernant les différentes sources d’incertitude dans l’évaluation des dommages potentiels liés aux inondations. L’étude avait deux objectifs :
- évaluer la potentialité de prédiction des modèles socio-économiques du coût des inondations car connaître le risque est nécessaire pour adopter des mesures de gestion indispensables ;
- développer une étude comparative sur la faisabilité des analyses selon les différents modèles mis à la disposition de toutes les parties prenantes (les décideurs, les bureaux d’études, les assureurs...) afin de leur donner la possibilité d'élaborer une analyse du risque socio-économique d'inondation adaptée.
C’est en continuité logique de ces conclusions, que la Fondation MAIF a financé un projet permettant une exploitation intelligente des alertes et informations délivrées spontanément par le public au moment d’une catastrophe naturelle. Après trois années de recherche et de développement par le BRGM, le système baptisé Suricate-Nat, est devenu un site web en 2019. Suricate-nat capte en permanence les conversations sur Twitter et analyse celles qui contiennent les mots clés tels que inondations, tempêtes, ou séismes.
A partir de ces informations, la plateforme met à disposition des informations claires sur le lieu de l’événement ainsi que des conseils pour les personnes impactées. Elle rend les citoyens acteurs lorsqu’ils subissent des événements naturels extrêmes et contribue de façon significative au développement de la culture du risque des populations.
Les ménages exposés au risques d'inondation
Depuis 2018, l’INRAE cible les acteurs de la prévention et les ménages déjà exposés au risque d’inondation afin d’étudier les moyens de relais des messages de prévention en zone inondable et comment ces messages sont perçus par les populations sur place. Un deuxième volet du projet travaille sur les raisons pour lesquelles les gens choisissent de vivre en zone inondable. Ce projet est actuellement en cours et nous permettra de développer et évaluer des stratégies de diffusion d’information avec l’objectif de les intégrer dans les politiques d’information plus générales.
Communiquer autour du risque d'inondation
Deux nouveaux projets ont démarré fin 2020. Un premier qui souhaite explorer des techniques de communication basées sur la psychologie sociale pour convaincre les habitants en zone inondable de devenir acteurs de leur propre sécurité en amont des événements. Les chercheurs de l’Université Gustave-Eiffel visent à développer un outil d’autodiagnostic personnalisé pour améliorer la connaissance du citoyen sur ses propres risques (et donc la possibilité de réaliser les travaux de protection en amont) et aussi sur les comportements à éviter hors de chez lui, comme, par exemple, prendre la voiture au moment de la crise.
Modéliser pour mieux répondre au risque d'inondation
Le deuxième projet mené par l’INRAE propose de concevoir une démarche, un modèle et un outil pour aider la réflexion collective et de coconstruire une stratégie qui repose sur les solutions de prévention des inondations fondées sur la nature. Bien que connues, ces solutions sont peu visibles par les habitants des zones inondables et elles ont souvent une image de protection faible. Afin de rendre l’adhésion et l’appropriation de ce type d’infrastructure plus acceptable, ce projet fera participer les différents parties prenantes (les riverains, les décideurs et les services techniques) à la construction du projet.
Pour suivre l’actualité de ces projets, inscrivez-vous à la lettre d’information de la Fondation MAIF pour la recherche.