Avec l’âge, les chutes augmentent. Lourdes de conséquences physiques, psychiques, sociales et financières. L’Etat s’est emparé du problème, la Fondation MAIF aussi.
Créé le 13/01/25
Plus de 2 millions de chutes chaque année : c’est le bilan, en France, pour les plus de 65 ans. Une mauvaise chute vaut mieux qu’une fin insignifiante, écrit Sylvain Tesson. Mais assez souvent chute et fin sont synonymes. Notamment chez les personnes âgées, pour lesquelles les chutes sont la première cause de mortalité accidentelle.
En France, elles sont à l’origine de 10 000 décès et 130 000 hospitalisations chaque année. Soit un coût estimé de 2 milliards d’euros, dont 1,5 milliard pour la seule Assurance maladie.
Plan gouvernemental : enrayer le cercle vicieux
Même quand on s’en relève, la chute laisse souvent une empreinte douloureuse et pernicieuse chez les plus de 70 ans. La peur de tomber engendre la crainte de se déplacer, de sortir. Et c’est le cercle vicieux : renfermement sur soi, isolement, perte d’autonomie et finalement déclin sur tous les plans. Il était donc crucial de s’attaquer au problème. C’est ce qui a conduit le gouvernement à lancer en 2022 un plan antichute. Objectif : réduire de 20 % le nombre de chutes mortelles d’ici la fin 2024. Les résultats chiffrés ne sont pas encore connus, mais ce plan est à l’origine de nombreuses actions pour prévenir et soigner la propension à tomber.
Comprendre, agir et informer
Dans un premier temps, il s’agissait de comprendre les habitudes de vie des personnes âgées, afin de repérer les signes avant-coureurs de baisse d’autonomie et d’identifier les facteurs favorisant la chute. Parmi eux, l’inactivité physique, la dénutrition, la baisse de la vue ou de l’audition, mais aussi une conception inadaptée du logement. Il fallait ensuite déployer des solutions : encourager la mobilité avec des programmes d’activité physique accompagnée ; aider à rendre les habitations plus ergonomiques en finançant des travaux d’adaptation (MaPrimeAdapt’) ; former et outiller les aidants ; faciliter l’accès à la téléassistance pour tous ; accompagner la rééducation des personnes ayant déjà chuté.
Enfin communiquer, pour que chacun prenne conscience de cet enjeu de santé publique et ait connaissance des dispositifs d’aide.
Le numérique à la rescousse
En cohérence avec le plan gouvernemental, la Fondation MAIF soutient depuis 2022 plusieurs projets dédiés à la lutte antichute. Elle avait même anticipé le sujet avec, dès 2019, un projet de lunettes connectées. Point commun de tous ces projets : ils font la part belle à l’intelligence numérique. Des capteurs pour mesurer la mobilité des personnes, leur faire prendre conscience de leur état de santé et repérer les baisses et améliorations de leurs performances physiques. Des applications et casques de réalité virtuelle pour entraîner les séniors et entretenir leur mobilité. Une plateforme digitale dédiée aux aidants et alimentée par eux pour collecter les ressources, conseils et démonstrations d’exercices…
Mais bien sûr, derrière la technologie et les datas, il faut des humains – soignants ou aidants – à l’écoute, attentionnés. A titre d’exemple, l’application numérique d’accompagnement à l’activité physique devient pour les aides à domicile l’opportunité de créer avec les personnes âgées une relation plus gratifiante.
5 projets pour anticiper la chute, la prévenir et en atténuer les effets
PECHUS : un atelier itinérant pour prévenir le risque de chutes chez les seniors isolés
Enjeu : lutter contre la perte d’autonomie des plus de 70 ans en allant à leur rencontre quand elles sont très peu mobiles ou qu’elles vivent dans des zones éloignées des centres de soin.
Livrable : un atelier mobile et gratuit, intitulé « Pechus ». Constitué d’une pièce de vie pour proposer des mises en situation et d’un dispositif de mesure de l’équilibre, l’atelier permet de délivrer un bilan complet de motricité et un plan d’action personnalisé. Il est en cours de test sur le territoire de l’Indre et Loire, dans les zones « blanches » en termes de santé.
CAPAIDANTS : une application dédiée aux aidants pour proposer aux séniors des activités physiques adaptées
Enjeu : fournir aux aidants familiaux et professionnels les outils qui renforcent l’autonomie des personnes âgées et favorisent les interactions sociales.
Livrables : une application sur smartphone et tablettes, avec plein d’idées d’exercices physiques et des conseils adaptés au profil de la personne accompagnée. Une plateforme de ressources pédagogiques et ludiques, co-construite avec les aidants pour un résultat simple d’usage et ergonomique.
PREVICHUTE : une plateforme digitale pour prédire les risques de chute
Enjeu : évaluer le plus tôt possible – pourquoi pas dès la quarantaine – la propension à chuter pour une prise en charge plus ciblée.
Livrables : une plateforme digitale qui agrège les données collectées sur des lieux de soins (centres thermaux, de soins médicaux, de réadaptation…) et un algorithme qui évalue le risque de chute, à tout âge. Les données sont issues de questionnaires sur les rythmes de vie et sur la santé, ainsi que de tests cliniques.
BIOMARQUEURS : une solution utilisant différentes technologies pour mesurer le risque de chute, proposer des exercices ludiques et suivre l'évolution de la personne âgée
Enjeux : évaluer puis stimuler et suivre les capacités physiques et mentales des personnes âgées grâce à des exercices et jeux personnalisés.
Livrables : Une panoplie d’exercices, dont certains utilisant la réalité virtuelle, pour évaluer en centre de soin les performances cognitivo-motrices de la personne âgée, puis l’entraîner à domicile. Un capteur permettant par la suite de mesurer son activité et son évolution par rapport au risque de chute.
LUNETTES CONNECTEES : des capteurs pour suivre les performances physiques des personnes âgées et alerter en cas de dégradation
Enjeu : anticiper le risque de chute en analysant les données sur les performances physiques des personnes âgées et en mettant en évidence tout écart par rapport à la normale.
Livrable : un appareillage de moins de 30 grammes, logeable dans des lunettes, une montre, un pendentif ou autre objet porté au quotidien. Les données captées par l’appareil sont transmises à un algorithme, lui-même hébergé sur un smartphone.
Ce projet a démontré son efficacité dans le dépistage des personnes à risque mais n'a pas trouvé de débouché sur le marché pour passer en phase industrielle.