Des tests d’écriture sur tablette numérique permettraient de détecter précocement les maladies neurodégénératives.
Créé le 12/09/22, modifié le 01/09/23
Une équipe de recherche de Télécom SudParis a mis au point des algorithmes qui analysent en détail la dynamique de l’écriture.
Il est ensuite possible de classifier de façon automatique les personnes qui pourraient avoir des maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer ou certains types de troubles cognitifs.
A chacun son style
Nous savons tous que nous possédons un style d’écriture: une manière bien à nous de planifier nos gestes pour produire un tracé manuscrit, de tenir le stylo, d’exercer une pression sur ce dernier lors du tracé, d’accélérer ou décélérer lors d’une trajectoire graphique, de faire une pause entre deux tracés consécutifs (mots, lettres). Les gestes graphiques mettent en jeu toute une mécanique spatiotemporelle qui fait appel à nos capacités psychomotrices et cognitives.
L’équipe de Télécom Sud Paris a fait l’hypothèse qu’une analyse cinématique de l’écriture, réalisée avec un stylet sur une tablette, pouvait révéler des symptômes de maladies neurodégénératives comme la trop fréquente maladie d’Alzheimer.
Collaboration avec des équipes médicales
Une collaboration avec l’hôpital Broca à Paris a été mise en place afin de recruter 194 personnes (des patients et leurs accompagnants) pour leur faire passer des tests d’écriture : écriture de texte, tracés de lettres, gestes balistiques de différente nature, etc.
Des tests simples à réaliser pour quiconque est en pleine possession de ses moyens mais qui présente des difficultés de planification, de coordination, de précision dans le graphisme pour des personnes affectées de troubles cognitifs.
Les chercheurs ont ensuite analysé des paramètres cinématiques du tracé manuscrit par des algorithmes d’apprentissage statistique puis de classification automatique, permettant de déterminer des caractéristiques communes à différents profils cognitifs.
Cette analyse statistique a été réalisée de manière anonyme et sans tenir compte des autres informations descriptives des personnes.
Illustration : évolution locale de la vitesse, l’accélération et sa dérivée, dans la direction verticale, sur la tâche « texte imposé », provenant de deux sujets
Ces patients ont subi par ailleurs des tests neuropsychologiques très complets utilisés par les thérapeutes et personnels soignants pour diagnostiquer certains désordres neurologiques.
Premiers résultats intéressants: les résultats de classification automatique concordent à 75% avec les diagnostics médicaux.
Il faut savoir aussi que les diagnostics médicaux ne sont pas certains à 100%, il n’existe pas de traceur univoque de la maladie d’Alzheimer par exemple.
Selon la précocité de la détection, le diagnostic peut être révoqué. Aussi, un complément de la recherche de Télécom SudParis est en cours pour refaire passer les mêmes tests aux mêmes personnes 12 mois après, et noter à la fois les évolutions des classifications obtenues de façon automatique et des diagnostics médicaux, afin de déceler des paramètres spatiotemporels prédictifs de la maladie.
Si les premiers résultats encourageants se confirment, nous disposerions d’un outil simple et peu onéreux, non invasif pour les patients, pour l’aide à la décision, favorisant ainsi la détection précoce de la maladie d’Alzheimer.