Les bonnes recettes pour un sommeil apaisé - Episode 2, sommeil et féminité.
Créé le 02/03/2023
Et si le sommeil était sexiste ? Personne pour l'affirmer mais force est de constater que les femmes sont moins cajolées par Morphée et que la génétique ne les favorise pas. Ce 3ème épisode de notre grand journal est dédié aux sommeil des femmes.
Par Philippe Cabon - Directeur de recherche à Université de Paris cité. (Laboratoire de psychologie et d'ergonomie appliquée).
La grossesse et le sommeil
Premier trimestre : Au cours des premiers mois de grossesse, entre 30 et 35% des femmes souffrent d'hypersomnie ! En cause, le taux de sécrétion de progestérone qui augmente rapidement pendant les 3 premiers mois. Or, cette hormone à l'effet sédatif agit comme un véritable somnifère naturel, d'où l'augmentation de la fatigue. Le temps de sommeil augmente mais celui-ci est davantage fragmenté, notamment par l'augmentation progressive du volume utérin gênant pour bien dormir, l'hypersensibilité des seins, l'envie fréquente d'uriner, les nausées ou encore le mal de dos. Ces différents symptômes peuvent alors créer une fatigue chronique et une forte somnolence dans la journée. Il est donc important de dormir autant que possible la nuit, au moins 8h par jour si possible, et de se ménager des instants de repos la journée notamment en faisant des siestes, ne serait-ce que 20 minutes !
Deuxième trimestre : l'énergie revient et le sommeil s'améliore ! D'autant plus que les besoins fréquents d'uriner et les nausées s'apaisent. Le temps total de sommeil diminue en soi, mais le sommeil lent profond lui augmente : les nuits deviennent plus paisibles, le sommeil plus réparateur, la vigilance en journée s'améliore. Il est possible néanmoins de ressentir quelques tiraillements au niveau du ventre ou encore de sentir le bébé bouger vigoureusement dans le ventre, provoquant encore de possibles réveils nocturnes.
Troisième trimestre : le sommeil redevient difficile à trouver et les insomnies sont fréquentes, entre autres troubles du sommeil susceptibles d'apparaître. Les principales causes entraînant un sommeil raccourci et de moins bonne qualité sont les suivantes : la diminution du sommeil lent profond et paradoxal, le poids du bébé appuyant sur votre vessie et donnant envie d'uriner toutes les deux ou trois heures environ, l'encombrement du ventre pour dormir correctement allongée, les douleurs lombaires, l'anxiété et le stress, les crampes, les reflux gastriques ou encore la diminution de l'activité physique.
Les règles et le sommeil
Au moment de l'ovulation, la progestérone commence à être synthétisée et donc sa production augmente au fur et à mesure. Elle joue un rôle d'anxiolytique naturel et impacte également le sommeil : elle diminue l'anxiété et le stress, favorise un état de somnolence, un endormissement plus rapide et un sommeil plus profond. Lorsqu'il n'y pas de fécondation de l'ovule, le taux de progestérone diminue progressivement pour être au plus bas à la veille des règles : votre sommeil est de plus en plus léger.
Pendant les règles, en plus des douleurs qui peuvent possiblement vous empêcher de dormir, l'endormissement n'est pas facile, vous vous réveillez souvent et dormez moins bien (sommeil plus agité). En effet, avant l'ovulation a lieu une augmentation de la synthèse d'œstradiol (hormone sexuelle impliquée dans la grossesse). Cette hormone entraîne avec elle une augmentation du sommeil paradoxal mais notamment de possibles insomnies. Elle peut également provoquer des anxiétés et du stress, impactant alors le sommeil. De plus, pendant les règles, certaines femmes peuvent être sujettes à divers troubles comme nausées, diarrhée, douleurs au ventre et au dos, n'arrangeant pas le sommeil.
La ménopause et le sommeil
La ménopause entraîne avec elle tout un cortège de symptômes physiques et psychologiques. Cela est dû au dérèglement hormonal : les ovaires réduisent leur production d’œstrogènes. Cette diminution a été directement reliée aux troubles vasomoteurs (bouffées de chaleur, suées nocturnes, entre autres) et également aux troubles du sommeil, puisque cette hormone participe aux sommeils profonds et paradoxaux : la chute de production d’œstrogènes rendrait le sommeil moins profond et moins réparateur, ainsi que des réveils nocturnes plus fréquents et une plus grande difficulté d'endormissement. De plus, réussir à dormir avec des bouffées de chaleur et suées nocturnes n'est pas très facile…